22 mai 2011

Feelings

J'ai promis. Parce qu'il aurait été vain de lutter, parce que ç'aurait apporté plus de souffrance qu'autre chose. Alors je me suis tu, et tout au fond de mon cœur, je leur ai donné ma parole. Quoiqu'il m'en coûterait, je ne quitterais pas ce rivage, je ne me laisserais pas sombrer dans la tristesse... Je me souviens de cette nuit-là! Je les ai vu partir, sans pouvoir rien faire. Trop de peine, si j'osais ouvrir la bouche pour les appeler; trop de douleur si je m'élançais pour saisir leurs mains ; trop de déception en conséquence, puisqu'il ne pouvait en être autrement. Ils partaient et me laissaient, seul. Ma sœur, ma merveilleuse Europe, m'avait été arrachée. Et c'est pour cet enlèvement que mes frères m'étaient arrachés à leur tour. Pourquoi m'abandonnaient-ils? Pourquoi ne pouvais-je partir avec eux, et venger notre sang, à leur côté? Sordide réalité.

Tous partis, comme des voleurs. Seul. Ils m'ont abandonnés, tous sans exception. Qu'est-ce qui me rattache encore à ces terres? Les oiseaux? Mes souvenirs? Ma langue? Je peux bien les emporter avec moi. Mais il y a bien une chose qui m'enchaine ici, une seule : leur absence. À quoi bon rester si c'est pour prétendre à être heureux, simplement parce que je leur ai promis? Impossible, impossible. Le vide qu'ils laissent derrière eux est trop grand, trop envahissant pour que je puisse m'auréoler de joie. Lui aussi, tente de me retenir. Pourquoi tant d'acharnement? Certes, il m'a enseigné la vie. Mais il ne peut me donner le bonheur. Personne ne peut me rendre cette paix, il faut que j'aille la chercher moi-même. Je partirai.