30 septembre 2012

Le crépitement régulier de la pluie n'en finissait plus. Les premières gouttes avaient commencé à tomber en début de soirée, et la nuit était désormais bien installée. C'était comme les giboulées d'été : une trombe d'eau qui se déverse soudain sur les toits et qui vient frapper le rebord de la fenêtre, à la seule différence qu'elle dure encore et encore. La pluie est souvent associée - à tord - à la tristesse, mais elle a quelque chose de rassurant pour moi. Peut-être était-ce dû à l'habitude d'entendre ce son pendant les nuits d'orage, sur le velux, depuis que je suis toute petite? J'avais l'impression d'être protégée de tout, de l'autre côté de la vitre, que le ciel pouvait cogner de toutes ses forces dessus, elle ne céderait jamais. Ou serait-ce dû à ces orages d'été qui nous avaient surpris si souvent, et qui se transformaient toujours en grandes séances de fou rire à cause de nos déboires, noyés sous des litres d'eau? J'en ai gardé l'envie parfois irrésistible d'aller courir et danser sous la pluie, pour retrouver ces moments d'insouciance et de bonheur si simple.

Peut-être un peu des deux. Puis avec le temps, j'ai commencé à apprécier ces petits moments où la météo n'en fait qu'à sa tête, et nous confine chez nous. Une manière de nous prouver que la nature ne se contrôle jamais totalement, et de nous inculquer un minimum de patience. La pluie ne me procurait plus seulement - et indirectement - un sentiment de sécurité, ni même de patience : la photographie affine le regard tout autant que les sens. Car lorsque la pluie tombe, c'est comme si le temps se suspendait. Le ciel qui s'obscurcit soudainement, ce rideau qui altère les couleurs, la température et cette odeur de terre mouillée qui n'étaient pas là deux minutes avant. Le vent secoue les arbres et caresse l'herbe qui se transforme en une mer vert acidulé aux reflets métalliques.

Et, finalement, les gouttes d'eau se raréfient, l'écran gris des nuages se déchire pour laisser passer la lumière ; le tic tac de l'horloge se fait de nouveau entendre.