28 novembre 2012

Racing against time


'It was so nice to see you after so many years!'
Un dernier au revoir, et elle descendit de la rame de métro. Demain matin, elle allait prendre l'Eurostar vers Londres où un avion la ramènerait en Californie alors que les nuages continuaient à menacer Paris. Un regard furtif à ma montre, inquiet. J'avais encore changé mes plans et avait accepté de dîner avec elle, au risque de me mettre en retard pour le feu d'artifice de la commune voisine - ce qui était le cas, j'étais très en retard. Je filais prendre ma correspondance, et m'aperçus que je ne pourrai pas passer chez moi avant à temps. En parlant de temps, la pluie n'avait pas arrêté ce jour-là ; mes chaussettes étaient mouillées et ma veste humide malgré tous mes efforts pour me protéger avec mon parapluie. Il faisait déjà sombre dehors et un léger sentiment de panique s'empara de moi. C'était peut-être un bête feu d'artifice, mais c'était également l'occasion de revoir certaines têtes depuis le début des vacances, d'autant plus que ce job d'été me mangeait la plupart de mon temps et de mon énergie. Je respirais profondément. Cela ne servait à rien de paniquer, surtout pour quelque chose d'aussi superflu, ça n'était pas comme si ce feu d'artifice était indispensable... Mais j'avais beau me raisonner, je ne pouvais pas à venir à bout du sentiment de dégoût qui montait en moi quand j'envisageais l'idée de rentrer directement chez moi. Un crépitement derrière la vitre du RER. Une fleur rouge s'éteignait doucement dans le ciel. J'espérais de tout cœur que ça n'était pas celui auquel je devais assister.

Mon portable vibra. "Oui? Non, je suis encore à Paris, le RER s'arrête à la station d'avant... [...] Il commence à quelle heure? [...] Il me reste à peine vingt minutes! Je peux essayer de vous rejoindre directement au terrain. [...] En fait non, je ne connais pas le chemin. Tu sais comment on y va? [...] Non? J'entends du bruit derrière, t'es avec qui? [...] Elle a sa voiture? [...] Demande-lui si elle peut la prendre et me récupérer à la gare. [...] D'acc, je t'envoie un message quand j'arrive là-bas."

Je respirais un peu mieux, j'arrivais à la gare en moins de dix-minutes, mais le terrain duquel était lancé le feux d'artifice était à l'autre bout de la ville. Deux amis m'attendaient de l'autre côté des tourniquets. J'accélérais le pas et les suivis sous la pluie qui, décidément, ne souhaitait pas nous donner le moindre répit. Deux autres amis attendaient dans la minuscule voiture, et nous nous tassâmes avec difficulté dans le petit habitacle. Sept minutes avant le lancement. Les salutations fusèrent pendant que mon amie démarrait. Les petites histoires fusaient de toutes part, chassant le silence et l'inquiétude. Les vitres, couvertes de buée, nous faisaient office de tableau blanc. Un ami déjà sur place nous appela entre temps pour savoir où nous étions: en chemin! Deux minutes. Les petites rues s'enchaînaient à toute allure sous la pluie battante. La conductrice racontait une anecdote sur son père qui avait foncé dans un mur après une soirée arrosée. "On y est!" Quinze secondes. Un coup de volant et le terrain se trouvait au bout de la rue. Au moment où nous nous y engageâmes les tout premiers feux illuminèrent le ciel, rapidement suivis par une détonation. Nous exultions.

La pluie tombait toujours autant, mais nous sortîmes tout de même dehors, évitant les flaques d'eau comme nous pouvions. Le reste du groupe vint à notre rencontre. Et nous étions là, tous alignés, serrés les uns contre les autres à rire bêtement, éviter les coups de parapluie, chanter et à admirer le spectacle. Ensemble.