04 février 2013

Epiphany

Je suis émerveillée. Blasée. Jamais. En permanence. J'oscille constamment entre ces deux état antithétiques, telle le pendule détraqué d'une vieille horloge. Et dans le creux de la vague, quand j'ai l'impression que je ne peux pas sombrer plus bas dans le désarrois de l'existence -lâcheté sartrienne à laquelle je ne peux m'empêcher de penser, je laisse enfin les larmes jaillir hors de leur prison de chair et de pensée. Et c'est dans ces moments-là que je me souviens de la grâce qui me frappe si facilement devant les petits détails insignifiants de ce monde. La gloire involontaire de la vie qui existe inexorablement. Cette énergie impalpable qui ne peut cesser d'être. Et elle brille non loin de la maison de mon enfance, la lueur qui vient m'éclairer dans l'obscurité. Elle s'illumine soudainement, jetant sur moi l'évidence que j'avais oubliée: celle que le monde est beau. Et malgré tous les mots qui tentent de la capturer, la beauté est indicible. Et malgré tous les ciels étoilés, elle est également invisible. À cela j'ajouterai immarcescible. C'est ainsi que se définit ce lien intangible et pourtant si fort qui m'unit à cette personne qui continue à m'inspirer par sa présence et son absence, par ses joies et ses peines, par la place énorme qu'elle occupe dans ma vie. Les larmes ne sont plus qu'un ruban chaud sur ma peau. J'écoute les battements de mon cœur résonner dans ma tête et le crépitement irrégulier d'autres larmes, sur ma fenêtre obscurcie par les nuages orange de l'éclairage publique. Mes yeux se ferment et mon esprit s'apaise tandis que la source se tarit; je glisse vers un autre rêve. Jusqu'au prochain plongeon.